Les Amitiés Particulières, de Roger Peyrefitte
Qu'est-ce
que sont ces "Amitiés Particulières" ?
Ce livre fait partie de mes trois ou quatre ouvrages de prédilection. Il s’agit d’un grand classique d’un auteur à la grande renommée : Roger Peyrefitte. Cet ouvrage m'a touchée tant par son style que par son histoire et, je dois dire, m'a particulièrement marquée par sa fin.
Le
personnage principal de ce livre est un garçon de 14 ans, Georges de Sarre, qui
entre comme interne dans le collège religieux de Saint-Claude. Georges est un
élève brillant, très doué en Lettres, et assez peu pieux dans sa façon de
penser et de vivre (il croit en Dieu mais sa vocation est "limitée").
Il
se lit d'amitié avec Lucien Rouvère, un garçon de sa classe, et ses sentiments
pour lui deviennent vite un peu ambigus : il veut être pour Lucien son
unique ami. Pourtant, il ne tarde pas à apprendre (de la bouche même de
l'intéressé, qui se confit beaucoup à lui) que Lucien a fait un pacte de sang
avec un garçon plus âgé qu'eux, également inscrit au collège : André.
Dès
lors, Georges se met à détester ce dernier. On apprend vite que Lucien et André
sont plus que des amis, mais sans que Peyrefitte l’explicite totalement. Et
Georges est jaloux, à tel point qu'il veut faire renvoyer André en parlant au
supérieur d'une lettre de lui que Lucien lui a fait lire.
Au
dernier moment, Georges abandonne l'idée, mais malheureusement, la lettre est
tout de même découverte et André est de ce fait renvoyé. Ensuite, Lucien se
renferme sur lui, mais durant peu de temps ; il se dit bientôt que c'est grâce
à Dieu que lui-même ne s'est pas fait attraper, et se convertit (de façon assez
comique, pourrait-on préciser).
Puis,
juste avant les vacances de Noël, Georges remarque Alexandre, un jeune garçon
d'une beauté angélique, et commence à s'attacher à lui (il ne le connaît pas,
l'autre encore moins). Et Georges se met à ne penser qu'à lui. Le fait est
qu'au collège, il est très dur de discuter, de plus le jeune garçon est chez
les petits (il a douze ans et demi) et en théorie, grands et petits ne se
côtoient pas. Par la suite, Georges essaye de se faire remarquer, discrètement,
et peu à peu Alexandre y porte attention. Très vite, les deux deviennent
liés...
Il
est à préciser que ce livre traite beaucoup de Religion, mais même quelqu'un de
foncièrement non-croyant pourra y
accrocher. Comme le dit le résumé de l’un des exemplaires "un livre nourri de poésie et de symboles où ne cesse de briller
une érudition qui se laisse pourtant oublier tant elle fait corps avec le
récit". Tout demeure en lien quasi direct avec Georges, Alexandre,
Lucien et André.
Pour
compléter mon avis personnel, je citerais un article du site Internet Media G (l'observatoire du traitement de
l'homosexualité dans les médias) :
"Roger Peyrefitte n'hésite pas à aborder de front la question du désir. Dès les premières pages les amitiés de l'internat sont évoquées dans leur rapport au mal. (...) La devise des Templiers est sans cesse évoquée "Tout est pur aux purs, mais rien n'est pur aux impurs" et lorsque le héros sera informé de l'existence de ces garçons impurs dans sa classe, il découvrira tout un pan de lui-même. (...) Fort de décrire les émois amicaux qui se nommeront eux-mêmes amours, une très belle histoire d’amour, Peyrefitte fait dire à ses personnages "- Non, pas de baiser, répondit Georges. Ce n'est pas obligatoire, je suppose ? - Tu verras bien ! On commence par le sentiment, et l'on en vient peu à peu aux sensations." En écho à l'amour de Dieu qui brille par son impureté, c'est bien l'amour des hommes qui illumine de bout en bout cette écriture très belle, et bien plus rebelle pour son époque que d'autres agitateurs autoproclamés subversifs de la nôtre."
Les Amitiés Particulières
Roger
Peyrefitte
Première
édition : 1945
Flammarion